T.I.G.R.E.

Triptyque pour l’Inspection Générale du Répertoire Essentiel

T.I.G.R.E. est un projet de création de trois spectacles qui prennent pour matière la vie et l’œuvre de trois auteurs :

M.O.L.I.E.R.E.

T.C.H.E.K.H.O.V.

S.H.A.K.E.S.P.E.A.R.E.

Méli-mélo Oratoire Librement Inspiré d'Errances dans le Répertoire de l'Eponyme (Création 2022)
Traversée Charmante avec Haltes Exploratoires de la Kyrielle d'Humeurs d'une Œuvre Vécue (Création 2023)
Somme Hétéroclite d'Aspect Kaléidoscopique Espérant Synthétiser Partiellement l'Ensemble des Accomplissements Remarquables de l'Eponyme (Création 2024)

Ce projet, c'est d’abord l'occasion pour la compagnie de poursuivre un cycle d'étude des auteurs et de prise en main des œuvres pour y trouver notre propre voix. Après Voltaire, Homère, Hugo, Diderot, il s’agit encore de se confronter aux « monstres » pour trouver notre manière de les dresser. Et ce sont ces « monstres »-là que nous avons choisis : des « monstres » qui constituent une sorte de panorama mondial du théâtre ; trois époques, trois langues et trois manières de faire du théâtre à la fois familières et mystérieuses.

Ce projet , c’est encore la volonté de continuer notre travail d’écriture. Les trois spectacles traversent chacun une vie et une œuvre par le biais d'une écriture originale. C’est cette manière d’écrire, participative et imaginée autant à la table qu’en jeu, qui fait la singularité de notre travail et qui donne le mouvement commun à ces trois créations : une manière de se saisir sans trop de précautions d’une matière gigantesque pour voir comment on peut en sortir quelque chose qui nous réjouisse, sans forcément le souci d'être intelligent (quoiqu'instruit), ni exhaustif (quoique complet), ni original (quoique génial).

Ce projet, c’est enfin l’occasion de réunir autour d’un même élan tous les talents de notre compagnie et de continuer à chercher une manière de faire du théâtre qui se nourrisse de chacun et nous rassemble tous.


Note d'intention

L’intention principale de ce projet est de transmettre la délectation que nous avons à nous réunir autour de ces auteurs et de leurs œuvres. Nos élans procèdent autant d’un désir de célébration que d’une envie de détournement. Notre théâtre ne s’inscrit pas dans un genre classique : il fait toujours l’objet d’une écriture originale qui prend pour toile de fond notre époque, nos aspirations, nos interrogations. C’est dans cette confrontation entre immédiateté et éternité que nous cherchons notre poésie.

Ce qui nous attire chez ces auteurs et dans leurs œuvres c’est qu’ils sont emblématiques : d’une époque, d’un pays, d’une langue, d’un théâtre. Chacun est une voix dont les accents sont familiers. Mais cette familiarité est ambivalente : d’un sens, elle rassure pour être une part d’un patrimoine universel qu’il s’agit de célébrer et de réinterroger sans cesse ; d’un autre, elle rebute pour ce qu’elle suscite d’aquoibonisme à y aller de son petit plumeau pour dépoussiérer un morceau du monument. Les anagrammes sont une façon de résoudre cette ambivalence : faire entendre immédiatement la façon jubilatoire, gourmande et irrévérencieuse que nous avons de nous emparer de ces monstres littéraires.

Avec ce triptyque, nous voulons nous amuser à traverser des élans anciens, à la recherche d’une certaine authenticité et en quête d’un ressourcement. Chaque spectacle va développer sa propre poétique pour naviguer sur ces fleuves de pensée, de poésie et de génie.

Pour chacun des spectacles l’écriture se fait à plusieurs voix. Et l’étude collective qu’elle demande est aussi fougueuse que rigoureuse. C’est ensemble que nous nous plongeons dans les mille sources qu’il y a à sonder, c’est ensemble que nous choisissons les endroits d’exploration, c’est ensemble que nous suivons les traces, nous en éloignons, y adjoignons nos mots, nos points de vue, nos rêveries. De tout ce travail de documentation, de recherche et d’analyse, il ne doit rien paraitre : la pièce quoique rétrospective est finalement une œuvre nouvelle et inédite. Quel qu’en soit le sujet, c’est son immédiateté qui saura toucher.

Ce triptyque vient (peut-être) signer la fin d’un cycle au sein de notre projet de compagnie. Nous avons écrit et créé autour de Voltaire, Hugo, Diderot et d’Alembert, Homère, Rabelais, Jaurès. Nous avons construit une façon d’inventer en regard avec ces matières et c’est un savoir-faire qui compte. A la fin de ce triptyque, nous essaierons (sans doute) de nous affranchir de ces « éminences » pour explorer notre voix nue.